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Noémie en Neuropsychologie Clinique et Cognitive

Noémie, en première année de Master Neuropsychologie Clinique et Cognitive l’an dernier, a réalisé une année de PACES en 2015 avant de se réorienter. Aujourd’hui, elle se confie sur cette réorientation, à propos de ses aspects pratiques mais aussi psychologiques.

Quel bac as-tu passé et en quelle année ? As-tu eu une mention, et si oui laquelle ?

Bac S mention très bien en 2015

Quel était ton niveau au lycée ? Avais-tu des facilités ?

Bon niveau, j’avais des facilités et je travaillais toujours à la dernière minute

PACES

Qu’est-ce qui t’a poussé à tenter les études de santé ?

Je savais que je voulais être dans le soin et j’envisageais d’être psychiatre. Mes parents m’ont pas mal encouragée à tenter médecine également. J’y suis allée pas forcément par vocation mais parce que j’étais une bonne élève et que je voulais travailler avec des patients.

Etait-ce à quoi tu t’attendais ? (niveau demandé, ambiance, autonomie…)

Oui, ça correspondait globalement à mes attentes même si socialement j’ai trouvé ça pire que ce à quoi je m’attendais (je n’ai pas réussi à me faire de réels amis).

A quelle(s) spécialité(s) t’es-tu inscrit(e) ? Pourquoi ?

Médecine car je voulais être psychiatre.

Quels ont été tes classements au premier et au second semestre ?

Au premier j’étais dans les 1400 il me semble et je n’ai pas passé les examens du second semestre car j’ai très vite décidé de me réorienter.

T’attendais-tu à ces résultats ? Quels effets ont-ils eu sur toi ?

Oui je m’y attendais car je n’avais pas travaillé et que j’ai vite décidé de me réorienter. Cependant ça a été difficile dans le sens où ça a été mon premier échec scolaire, j’ai totalement perdu confiance en moi.

Pourquoi ne pas avoir réessayer la PACES ?

Parce que je voulais absolument partir en psychologie (et les cours de Sciences humaines et sociales étaient mes préférés, ça me confortait donc dans ce sens) et oublier la médecine !

Si ces résultats t’ont affecté(e) négativement, qu’est-ce qui t’a permis de retrouver le moral ? (famille, amis, hobbys… une musique peut-être ?)

Le fait de construire mon projet de réorientation (faire les candidatures, chercher des renseignements sur la filière, discuter avec des élèves de psycho) m’a permis de me sentir mieux et de reprendre confiance petit à petit. Le soutien de mes proches m’a aussi beaucoup aidée.

Réorientation

A quel moment as-tu commencé à songer à la réorientation ?

En décembre 2015

Quels étaient tes plans de réorientation ? Qu’est-ce qui a motivé ton ou tes choix ?

La psychologie : j’aimais beaucoup les cours de shs et cette filière me permettait de travailler aussi avec des patients. J’étais aussi passionnée par les neurosciences. Au fil de mes recherches j’ai découvert le métier de neuropsychologue qui était au carrefour de tout ce que j’aimais.

Comment as-tu été renseignée ? (Internet, proches, salons étudiants…)

Essentiellement internet.

Quand et comment t’y es-tu pris ? (procédure à suivre, attente…)

Je me suis réellement plongée dans mon projet de réorientation en février 2015. Je suis passée par APB (aujourd’hui parcoursup) et ai tout simplement candidaté à la licence de psychologie de Strasbourg. J’ai constitué le dossier avec les différentes pièces demandées. Je savais que je serai admise car les licences acceptent à peu près tout le monde.

Formation actuelle

Que fais-tu actuellement ?

Depuis j’ai obtenu ma licence de psychologie mention bien et je suis entrée en M1 de Neuropsychologie Clinique et Cognitive à Strasbourg.

Est-ce quelque chose qui te convient et qui te plaît ?

J’adore la neuropsychologie, tant au niveau de mes stages que du contenu théorique. Cette filière permet de travailler avec des patients, de manière rigoureuse tout en ayant du temps à accorder aux patients et en prenant en compte la dimension humaine. Le travail multidisciplinaire en stage est aussi super intéressant. Pour la formation, elle est assez scientifique et pour moi c’est un point positif car j’aime la biologie. A Strasbourg, beaucoup de nos profs sont neuropsychologues ou médecins et c’est vraiment passionnant de les entendre.

En revanche, et sans grande surprise, c’est une filière archi bouchée et où on gagne peu. Les retours des professionnels sont tous unanimes en ce qui concerne l’insertion professionnelle qui est très compliquée. Il s’agit souvent d’enchaîner des CDD pendant des années ou bien cumuler des temps partiels à droite et à gauche, attendre 10 ans avant d’être titularisé dans la fonction publique, etc. Le libéral est aussi difficile en neuropsychologie. Enfin, le métier peut sembler répétitif et selon les structures, le neuropsychologue n’est pas forcément toujours très écouté…

Décris-nous un peu tes journées.

Habituellement, je me lève le matin et je vais en cours. L’emploi du temps n’est pas surchargé (on doit avoir une vingtaine d’heures de cours par semaine), par contre il faut quand même du travail personnel. Donc après mes cours, je vais souvent à la bibliothèque.

Les cours sont variés en neuropsychologie : cours sur les traumatismes crâniens, les AVC, les fonctions cognitives, l’évaluation en imagerie, neuropsychologie du langage, de l’enfant, cours sur la réhabilitation cognitive ou bien encore les addictions. On apprend quels déficits cognitifs entraînent un AVC ou une addiction par exemple, en lien avec la neuroanatomie, puis on apprend à évaluer ces déficits cognitifs.

Enfin on a des cours sur comment y remédier quand cela est possible (avec des jeux de société par exemple ou des outils plus complexes en collaboration avec les ergothérapeutes et les psychomotriciens). On apprend aussi à repérer des tableaux cliniques afin d’aider le médecin dans son diagnostic (par exemple confirmer une maladie d’Alzheimer en montrant que la mémoire est largement déficitaire). Attention, je précise que le neuropsychologue n’est pas médecin et qu’il ne pose pas le diagnostic, il donne juste son avis.

Ensuite je suis parfois en stage (1 à 2 jours par semaine au S1 par exemple). En stage, nous travaillons avec les patients, faisons passer les tests pour évaluer les fonctions cognitives, rédigeons les compte rendus, faisons des ateliers de réhabilitation… Nous participons aussi aux réunions pluridisciplinaires. Le stage permet vraiment de mettre en pratique tout ce qu’on a appris en théorie.

Dans la semaine j’ai environ 30h de cours avec 8-10h de travaux pratiques ! Les TP sont très importants.

As-tu des activités à côté de tes études/ton travail ? (hobbys, job étudiant, voyages…)

Je suis musicienne et je fais du sport.

As-tu déjà un objectif professionnel en tête ? Si oui lequel ?

J’aimerais travailler soit en EHPAD soit dans des centres de rééducation, mon choix n’est pas encore fait !

Rapport avec la PACES

Au début, à quel point regrettais-tu de ne pas avoir eu la PACES ? (note entre 0 et 8)

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Et à présent ? (note entre 0 et 8)

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Précise-nous un peu tes réponses.

Je suis heureuse de m’être réorientée car avec le temps, j’ai compris que la médecine ne me correspondait pas du tout et j’aurais très certainement été en souffrance par la suite. Il ne faut pas oublier que la médecine ne se résume pas à la PACES et qu’il y a des années et des années d’étude derrière, un internat, énormément de travail, etc. Je n’étais pas prête à m’investir dans un tel parcours de vie et j’admire sincèrement ceux qui le font.

Penses-tu que la PACES t’a apporté quelque chose de bénéfique dans ta vie ? (épanouissement personnel, connaissances, rencontres…) Ou regrettes-tu plutôt de l’avoir même tentée ? (temps perdu, période psychologiquement difficile…)

C’est une année où j’ai beaucoup appris sur moi-même et sur mes aspirations. Il y a eu des moments très difficiles et de grosse remise en question, mais ça m’a aussi permis de voir que j’étais capable de rebondir. D’un point de vue plus théorique, ça m’a donné de solides bases en biologie et c’est toujours utile aujourd’hui dans mon cursus. Donc je ne regrette pas cette année même si quand on est dedans, c’est difficile, long et on se sent parfois au fond du gouffre !

Pour finir

La réorientation en PACES est un sujet tabou auquel on a rarement envie de penser, pourtant c’est une réalité pour beaucoup d’étudiants. Que voudrais-tu dire à un étudiant qui hésite sur son orientation ?

Si il y a une filière qui t’attire, renseigne-toi bien sur celle-ci. Si ça te correspond en tous points, fonce ! Ce n’est pas une honte de se réorienter, loin de là et c’est très courant (dans ma classe nous sommes 3 à être issus de PACES). Discutes-en aussi avec tes proches et essaye de leur expliquer tes motivations si ceux-ci ne sont pas d’accord (fun fact : j’ai fait un dossier de 15 pages expliquant mes motivations pour mes parents afin de les convaincre de me laisser aller en psycho). Enfin, il existe plein d’autres voies et métiers autres que la médecine et le paramédical. La vie est longue et tu trouveras sûrement un autre domaine qui te plait même si sur le moment c’est difficile (surtout quand médecine était une vocation) 🙂